Ils veulent tous que je parle anglais. La barbe ! (the beard ?)
La société se mondialise - c’est pas un scoop – et ça parle anglais partout. You don’t speak English ? Le job n’est pas pour vous. Pas globish ? M’en fiche… Non, c’est pas vrai. Je m’entraîne. Je baragouine ici ou là, trouve l’énergie de saisir les occasions, patine, piétine, affine tant bien que mal. Affine ? Est-ce bien sûr ?
OK pour jouer le jeu. Play again (la plaie, oui) ! Une réunion de travail par ci, un entretien par là. Mais bon, ça va un peu. Jusqu’où va-t-on devoir s’aplatir ? Le rouleau compresseur anglosax n’est-il pas un tirage vers le bas des subtilités linguistiques ? Un lissage des cultures, des nuances, des différences ?
Réunion interculturelle en entreprise. Des allemands, des indiens et des français parlent du business. On s’appuie sur le plus petit dénominateur commun, vocabulaire partagé minimum. Sortie de Babel par les sous-sols. On sauve les échanges par le jargon métier, à travers les contresens, malgré les faux amis, d’essais en erreurs, d’à-peu-près en de-très-peu. On s’en sort tant mal que bien. On s’est compris sur l’essentiel. Un essentiel qui se le dispute entre réalisme opérationnel et compromis relationnel. Certes, la relation n’est pas que langage verbal. Pourtant, la profondeur du lien ne s’établit-elle pas dans la compréhension fine de l’autre, dans la nuance du référentiel, dans le mot juste au juste moment, l’expression adéquate et opportune, la métaphore culturellement adaptée ? Marre que dans ces entreprises multiculturelles on soit condamnés à surfer en surface. That’s all (folks).
Et quid de la technologie, alors ? Pourquoi ne met-on pas l’accent sur les appareils à traduction simultanée ? Les oreillettes translangues ? Les implants sublinguaux ? Qu’attendent donc les informaticiens linguistes, ou les sémanticiens férus d’intelligence artificielle ? IA – Hi han. Je fais l’âne, mais je n’ai pas le son. Je n’entends que du franglish, du blabla raplapla, un gloubiboulga international qui vire au desesperanto.